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La finance et l’informatique durable :
compatibles?

Ivan Mariblanca Flinch, fondateur et directeur général de Canopé, nous parle de l'évolution du monde de la finance, toujours plus numérisé, et de son impact environnemental.

Guérilla, Sniper, Sumo... Avez-vous déjà entendu ces termes de la finance ? Pourtant, ils désignent des algorithmes financiers influençant votre vie. Bienvenue dans le monde caché de la finance numérique !

Si vous imaginez encore que la bourse est ce lieu avec des personnes levant la main pour acheter des actions, tous criant plus fort que leur voisin, vous êtes dans le faux. Comme partout, la finance s’est numérisée et cela a modifié radicalement le décor boursier. Le 23 mars 2020, à cause du Covid, aucun courtier n’était présent au New York Stock Exchange.

Pour la première fois depuis son ouverture en 1792, les cotations furent entièrement automatisées. Et depuis, les robots continuent à prendre le relais de l’être humain. Pourquoi ? Ils sont plus rapides, plus fiables, plus rentables et moins chers.

Les robots seraient déjà à l’origine de 70% des transactions mondiales et représenteraient jusqu’à 40% de la valeur des échanges. Les outils informatiques de trading les plus sophistiqués sont appelés « quant funds », différents de ceux basés sur l’intuition humaine. Blackrock dispose d’un des meilleurs quant fund, appelé « Aladin ». Il gère 15 000 milliards de dollars d’actifs, soit 7% des actifs mondiaux.

“Je continue de croire à un numérique qui catalyse les investissements vers des projets et technologies plus durables et responsables.”

L’appât du gain est tel que les plus grands acteurs financiers mondiaux installent leurs serveurs au plus près des principaux câbles de fibre optique transportant les données boursières. Plus ils sont proches des réseaux de télécommunication, plus ils accèdent rapidement à l’information.

Revenons à nos Guérilla, Sniper, Sumo. Certains de ces algorithmes appartiennent à de grandes banques suisses. Leur objectif est de démasquer la stratégie d’investissement des algorithmes des autres banques. Pourquoi alors le terme « Sniper » ? C’est parce qu’il s’agit de tirer sur les autres algorithmes – en achetant et vendant des actions à très grande vitesse – et d’analyser comment ils réagissent. Cela permet ainsi de prédire les futurs comportements des autres algorithmes.

Enfin, qu’en est-il de l’impact environnemental des cryptomonnaies. En 2021, et selon l’observatoire Cambridge Center for Alternative Finance, la consommation énergétique du bitcoin était estimée à un peu plus de 93 TWh. Soit 0,42% de la consommation globale de la planète. Est-ce peu ? Trop ? A vous de juger. Mon avis ? La finance numérisée n’est ni bonne ni mauvaise. Cela dépend de comment elle est employée.

Je continue à croire à un numérique qui catalyse les investissements vers des projets et technologies plus durables et responsables. Mais comme disait si bien Stephen Hawking : « Notre avenir est une course entre la puissance croissante de notre technologie et la sagesse avec laquelle nous l’utiliserons ». La finance saura-t-elle coupler croissance, durabilité et sagesse ?

Texte originellement publié sur Arc Info